Mémoire du passé – Haïti 8 juin 1967: exécution de 19 officiers soupçonnés par Duvalier de trahison

On ne connaît pas un seul chef d’Etat haitien ne cherchant pas à devenir un dictateur après des tentatives infructueuses de renversement et ou de trahison soupçonnée…

Le pouvoir de Jovenel Moise est plus que jamais aujourd’hui renforcé et son armée a fait ses preuves dimanche, au Champ-de-[Bataille] pour défendre le carnaval 2020 dont jouit Michel Martelly, sous forte escorte policière, lundi soir au Cap-Haitien. L’ex-PM Lafontant n’avait-il pas raison quand il disait que PHTK est au pouvoir pour au moins un demi-siècle, assez de temps accordé pour notre « somalisation ».

Duvalier fournit au candidat Balaguer une douzaine de jeeps, une somme importante et fit voter en sa faveur plusieurs milliers d’Haïtiens, lui permettant de battre Juan Bosch par 3 votes contre 2» (G. Jolibois et L.Péan).

Lundi 24 février 2020 ((rezonodwes.com))–Le 8 juin 1967, dix-neuf (19) officiers et officiers supérieurs de l’armée d’Haïti sont exécutés à la prison de Fort-Dimanche par un peloton d’exécution sous les ordres de François Duvalier lui-même. Toutes les victimes sont Duvaliéristes et proches de la famille Duvalier ou de Papa Doc lui-même.

Les raisons de cette exécution demeurent floues. Les 19 officiers auraient été soupçonnés ou accusés de trahison par Duvalier mais les historiens réfutent cette thèse et mettent l’accent sur les méthodes de terreur de Duvalier lui-même qui faisait parfois tuer ses fidèles pour s’assurer une soumission plus grande encore au sein de l’armée et de la population en général.

Les dépositions de plusieurs officiers établissent qu’ils ne connaissaient pas les raisons de leur future exécution. Le peloton d’exécution, choisi par Duvalier lui-même, est uniquement composé d’officiers supérieurs amis ou parents des victimes.

Le North American B-25 Mitchell est un bombardier moyen de la Seconde Guerre mondiale.

L’exécution des 19 officiers le 8 juin 1967, continue de créer de lourdes interrogations quant aux complexités du pouvoir duvaliérien. Une note confidentielle de l’ambassade américaine nous éclaire: « Anderson Column reports assertion that CIA attemped François Duvalier assassination» (Ref: 1975STATE078458_b; 1975 April 7, 21:35, Monday). Dans cette note confidentielle, nous apprenons: «[…] En 1966, la C.I.A. souhaitait glisser un poison mortel dans la nourriture de Duvalier. […]. En 1968, la C.I.A. planifiait un bombardement du palais de Duvalier avec un B-25. […]. François Duvalier était pleinement conscient de tout ce qui se manigançait (scheming) contre sa vie».

En 1966 aussi, l’expression «nouvelle armée» dans le discours duvaliérien a un contenu annonciateur d’orages que peu parviennent à décrypter convenablement… jusqu’au JOUR du 8 juin 1967.

source : *Les relations internationales d’Haïti de 1957 à 1971 «la politique étrangère de François Duvalier» par Wien Weibert Arthus
*1957-1986 : Régime dictatorial des Duvalier. (Pierre-Charles, 2000:90-94)