Le département d’État publie un rapport accablant sur la situation des droits humains en Haïti

Le département d’État des États-Unis d’Amérique a publié ce mercredi 11 mars 2020 un rapport accablant sur la situation des droits humains en Haïti

Dans ce long rapport qui passe en revue les actions de l’administration de Jovenel Moise, les domaines dans lesquels le pays a les plus mauvaises notes sont la lutte contre la corruption, l’impunité et des cas d’abus de pouvoir par les forces de l’ordre lors des mouvements de protestations contre le pouvoir en place. « De nombreux rapports font état de corruption au sein du gouvernement et d’un sentiment d’impunité pour les auteurs d’abus. Le pouvoir judiciaire a enquêté sur plusieurs cas de corruption au cours de l’année, mais il n’y a eu aucune poursuite », peut-on lire dans ce dernier rapport du département d’État des États-Unis sur la situation des droits humains dans le pays qui s’articule autour de 7 sections entre autres la corruption et le manque de transparence gouvernemental, le respect de l’intégrité de la personne, les libertés civiles et politiques, la liberté d’expression et de la presse…

« De nombreux cas de corruption gouvernementale ont été signalés, et les auteurs de ces actes bénéficient d’une certaine impunité. Le pouvoir judiciaire a enquêté sur plusieurs cas de corruption au cours de l’année, mais aucune poursuite n’a été engagée. Malgré le fait que la loi criminalise des actes de corruption commis par des fonctionnaires, notamment l’enrichissement illicite, la corruption, le détournement de fonds, les marchés publics illégaux, les délits d’initiés, le trafic d’influence et le népotisme », poursuit ce rapport qui a détaillé les différents moments du dossier Petro-caribe, à commencer par la publication par la Cour des comptes des deux rapports d’audit qui ont identifié de nombreux fonctionnaires actuels et anciens et entrepreneurs du secteur privé, impliqués dans des décaissements douteux de fonds publics, des surfacturations, des collusions, du favoritisme et des détournements de fonds. Les rapports ont indexé des administrations passées pour des détournements présumés de fonds publics, ainsi que le président Jovenel Moïse pour des détournements présumés alors qu’il était président de Agritrance.

Parmi les questions importantes relatives aux droits humains, le gouvernement américain a cité « les allégations d’assassinats illégaux par la police, l’usage excessif de la force, la détention préventive arbitraire et prolongée, les conditions de détention difficiles et dangereuses pour la vie, un système judiciaire soumis à la corruption et à l’influence extérieure, les attaques physiques contre les journalistes, la corruption et l’impunité généralisées, les crimes, les violences armées ainsi que la violence et la discrimination sexuelles et sexistes. »

Le département d’État des USA a aussi indiqué que l’administration de Jovenel Moise a « rarement pris des mesures pour poursuivre les fonctionnaires du gouvernement et des agents de l’ordre accusés d’avoir commis des abus. Selon des rapports crédibles, des fonctionnaires se seraient livrés à des pratiques de corruption, et des groupes de la société civile ont fait état d’une impunité généralisée. » Il a rappelé au passage que des allégations crédibles font état de l’implication de la police dans des meurtres arbitraires ou illégaux. Selon des organisations locales de défense des droits de l’homme, environ 16 à 22 manifestants ont été victimes d’exécutions extrajudiciaires par la PNH lors de manifestations antigouvernementales et anticorruption de septembre à novembre.

Parfois quand des policiers ou membres du gouvernement sont cités dans des dossiers comme le massacre de La Saline certaines allégations ont donné lieu à des mesures disciplinaires administratives, mais aucune procédure pénale n’a été signalée, souligne le rapport qui cite le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH), qui a fait le décompte de 71 morts, 11 cas de viol et l’incendie de 150 maisons à La Saline lors d’un massacre.

Le rapport fait état d’une détérioration du climat de sécurité pour les journalistes, certains d’entre eux avaient recours à l’autocensure pour éviter d’être publiquement visés par des dirigeants politiques ou des chefs de gang. L’un d’entre eux qui travaillait pour Panic FM, une station de radio locale, et pour radio Mega, située à Port-au-Prince, Nehemie Joseph, a été retrouvé mort à Mirebalais. Le rapport cite le RNDDH qui a dénombré environ 40 morts et 82 blessées lors de violentes manifestations contre la corruption et antigouvernementales en février.

Cliquez sur ce lien  ⟶HAITI 2019 HUMAN RIGHTS REPORT pour télécharger le rapport

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