Haïti-Insécurité: le RNDDH et l’OPC appellent à la protection des citoyens de Village de Dieu

Face à l’ultimatum de 72 heures lancé par le ministre de la justice, le RNDDH et l’OPC appellent à la protection de la population civile à Village de Dieu.

Si les déclarations du ministre de la Justice, Me Lucmane Delille accordant un délai de 72 heures aux gens honnêtes pour quitter Village de Dieu, quartier contrôlé par le groupe armé dénommé « baz 5 segond », n’ont suscité quasiment aucune critique mais des attentes bien fondées, des institutions qui font la promotion des droits humains dans le pays exigent de la part des autorités la protection des civils innocents. Si le Bicentenaire doit être débarrassé des malfrats qui font régner la terreur, il faut éviter que les civils servent de chair à canon. Une solution de rechange doit être proposée aux gens pour qu’ils savent où aller, prévient en substance les défenseurs de droits humains.

L’Office de la Protection du Citoyen (OPC), institution nationale de protection et de promotion des droits humains, a dans une note exprimé « ses plus vives préoccupations à la suite des déclarations du ministre de la justice et de la sécurité publique ». Ils disent noter dans l’intervention de Me Lucmane Delille, en pleine période de confinement, « aucune solution de rechange ou alternative n’est annoncée de façon officielle, à des milliers de familles (composées en grande partie de femmes, d’enfants et de personnes âgées) vivant dans ce vaste bidonville dans des conditions inhumaines qui se sont détériorées pendant cette période de confinement ».

« Comment des familles vivant à village de Dieu, zone totalement contrôlée par des bandits sans foi ni loi, peuvent dans 72 heures laisser cette zone en toute sécurité sans se faire passer aux yeux de ces hommes armés opérant aveuglément, comme des instigateurs ou agents de renseignement de la police? Avant la période de confinement, des jeunes habitant à village de Dieu ne pouvaient pas aller à l’école ou à l’université et retourner chez eux en toute tranquillité car ils étaient considérés comme des espions par les bandits », poursuit l’OPC qui dit appuyer toutes les opérations visant à démanteler les gangs armés fonctionnant dans le pays notamment dans l’aire du Bicentenaire.

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Le RNDDH appelle à éviter les dommages collatéraux

Le secrétaire exécutif du Réseau national de défense de droits humains (RNDDH) dit appuyer l’idée que les gangs soient maitrisés dans le souci de protéger la vie et les biens de la population. Parce que la prolifération des gangs, estime Pierre Esperance n’apporte rien de bon dans le pays. « Les autorités ont pour impérieuse obligation de respecter et de protéger les droits fondamentaux de la personne humaine en toutes circonstances. Les Citoyens de Village de Dieu ont droit à la vie, à la santé et au logement. On ne peut leur demander de quitter leurs maisons sans savoir où aller en pleine période de confirment. D’ailleurs il était de la responsabilité de l’État de protéger ces gens contre les bandits et empêcher ces derniers de prendre le contrôle de la zone.»

Pierre Esperance qualifie de fracassante l’annonce du Ministre de la Justice. Pour lui, il s’agit d’un « show » car les opérations policières sont menées sur la base de renseignement et dans le secret pour prendre les bandits au dépourvu. « Nous avons appris que certains de ces bandits se sont déjà refugiés à Grand Ravine auprès de leurs alliés. Aussi les forces de l’ordre doivent se soucier d’éviter de commettre des dommages collatéraux au sein de la population », a renchéri Pierre Esperance qui précise au passage que le ministre de la justice doit partir en guerre non seulement contre Village de Dieu mais aussi les contre gangs de Delmas 6 (dirigé par Jimmy Cherisier alias Barbecue) et base Pilate de la 4e Avenue de Bolosse.

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