L’état d’urgence, un obstacle à la liberté de la presse selon le CARDH
Pour le CARDH, l’état d’urgence sanitaire instauré par l’administration Moïse-Jouthe est un obstacle à la liberté de la presse.
Le Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme (CARDH), à l’instar de plusieurs autres structures organisées de la société, n’entend pas laisser passer inaperçue la journée mondiale de la liberté de la presse, célébrée ce 3 mai autour du thème: le journalisme sans crainte ni complaisance. Cette journée a servi de prétexte au CARDH pour prouver comment le couvre-feu instauré par le pouvoir fait obstruction à l’exercice de ce droit et donne lieu à une série de violations de droits humains et des libertés fondamentales.
Dans des circonstances exceptionnelles mettant en péril la vie des citoyens, les articles 4 et 27 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques et de la Convention américaine relative aux droits de l’homme donnent droit aux Etats signataires de prendre des dispositions restrictives de libertés. Mais cette autorisation doit être accompagnée notamment d’un texte juridique le justifiant, souligne le CARDH dans un communiqué acheminé à Juno7 qui, au regard de ce qui précède, conclut que l’état d’urgence en cours ne se fonde sur aucune base légale.
L’aspect qui semble attirer le plus son attention est l’obstacle que représente ce couvre-feu à la liberté de la presse et l’occasion qu’il offre à des policiers de violer l’intégrité physique de certains journalistes et autres individus. En ce sens, le Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme (CARDH) prend comme exemple le cas de Georges Emmanuel Allen qu’il qualifie de révoltant. Ce journaliste de Radio Télévision Caraïbes” a été lâchement battu et humilié par des agents attachés au ministère de l’intérieur et des collectivités territoriales, dans la nuit du 28 avril 2020″.
“S’il faut noter que les violations de la liberté de la presse ont connu une hausse au cours des dernières années en Haïti, passée en une année de la 62ème à la 83ème place dans le classement 2020 de Reporters sans frontières (RSF), le couvre-feu illégal et arbitraire instauré par l’administration Moïse-Jouthe aggrave la situation ; il sert de prétexte légal à certains policiers et hommes et femmes armés pour s’attaquer à l’intégrité physique et morale des citoyens : journalistes, petits commerçants, filles de joie…”,regrette le Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme tout en présentant ses sympathies aux journalistes haïtiens, mais aussi à tous les citoyens victimes de cette décision.
Enfin, le CARDH “demande instamment à la Justice de restaurer les victimes dans leurs droits et de
condamner les auteurs, coauteurs et instigateurs de cet état des choses”,peut-on lire dans ce communiqué.