Kardie Rosier : Une éternelle amie dit au revoir à Sam Laguerre !

Sam, mon ami, mon camarade de classe (CSP-Haïti) et mon collègue d’études universitaires (CTPEA-Haïti et UQAM-Canada). La triste nouvelle de ton départ à l’autre monde m’est arrivée comme un coup de massue à la tête.

Samedi 16 mai 2020 ((rezonodwes.com))– Un camarade de classe que j’ai connu en 7ème Année Fondamentale (à l’époque : 6ème secondaire) au collège Saint-Pierre (CSP), à Port-au-Prince, avec qui j’ai passé mes quatre dernières années d’études secondaires dans le même groupe. Pendant nos deux dernières années scolaires, il était tellement brillant en mathématiques que je n’hésitais pas une seconde à me mettre en tête-à-tête avec lui et Antoine Jean Philippe, un autre camarade, membre de la ‘‘Base Normale’’ qui était comme son frère, pour résoudre parfois des problèmes de maths difficiles donnés en devoir par nos professeurs.

À la fin de nos études secondaires, Sam et moi avons participé au concours d’entrée de la faculté des sciences (FDS) de l’Université d’État d’Haïti. Il avait réussi; moi, non. Je me suis orientée, la même année, vers le Centre de Techniques de Planification et d’Économie Appliquée (CTPEA). L’année suivante, il est arrivé au CTPEA en compagnie de son inséparable ami, Antoine.

Après notre formation universitaire au CTPEA, tandis que j’ai été fonctionnaire de la Direction de la Planification et de la Coopération Externe du Ministère de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle (DPCE-MENFP) composée d’environ 95% de membres du personnel issus de CTPEA, Antoine et lui travaillaient à l’Institut Haïtien de Statistique et d’Informatique (IHSI). Nous avions eu notre routine à la pause du midi, à savoir, aller manger ‘‘Chez madame Léopard’’ en équipe : mes collègues de la DPCE-CTPEA, Antoine, Sam et moi.

Durant des années, Sam vivait dans une maison qui se trouvait à quelques coins de rue de chez moi. Je me souviens très bien des moments où je le voyais passer dans mon quartier sur son scooter.

J’ai émigré au Canada et il a pris la même décision que moi environ deux années plus tard. Arrivé au Québec, une province qui ne fait pas de cadeau aux immigrants, père monoparental accompagné de sa fillette, il s’est sacrifié et battu comme un lion pour entreprendre d’autres études dans la société d’accueil et travailler durement. Tous ceux et celles qui ont au moins un enfant dans ce pays ne sauraient ignorer qu’il ne s’agit guère d’une partie de plaisir pour réaliser ces trois choses en même temps, à savoir, s’occuper de sa famille, étudier et travailler. Inutile de dire que ça l’est encore moins pour un père monoparental nouvellement immigré.

Sam est entré à la faculté des sciences de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), j’y ai été admise deux ans plus tard. Pour y parvenir, il a été pour moi, un conseiller et une référence lors de mes démarches d’admission et à mes débuts à l’UQAM.
Je me souviens très bien quand j’allais entreprendre les démarches d’admission au programme d’Actuariat et/ou de baccalauréat en mathématiques, concentration en Statistique, je lui ai demandé son avis. Il m’avait répondu qu’il était en Actuariat et qu’il a changé pour les Statistiques. Moi, un peu têtue, j’ai voulu vérifier par moi-même. Après une semaine et demie en Actuariat, je me suis ravisée. Quand je lui ai annoncé que j’allais le rejoindre au programme de math, concentration statistique, il a souri et m’a répondu sagement : ‘‘ je te l’avais dit’’.

Il a été là pour me conseiller et me rassurer lors de ma toute première évaluation (baptême de feu) en algèbre linéaire 1. La journée des nouveaux étudiants, il m’avait prise par la main pour me présenter à quelques-uns de ses professeurs qui allaient être les miens, les années suivantes. Il me filait des trucs par rapport à mes choix de cours et des stratégies pour mieux les réussir. Je remémore encore et encore, toutes les fois que je l’ai croisé dans les couloirs ou dans une salle d’études de l’université (UQAM). Après de dures nuits de travail, il était toujours motivé à étudier même quand il était hyper épuisé. Quand nous prenions le Métro, on en profitait pour discuter de la vie, de la famille et de nos études.

Sam était un homme bien qui voulait réussir à tout prix sa nouvelle vie au canada pour le bonheur de sa famille qu’il aimait tant. Il restera un modèle de père aimant et un ami formidable dans la mémoire de plus d’un.

Nos chemins se sont tellement croisés que ce n’est pas sans raison qu’il est celui avec qui j’ai le plus grand nombre d’amis en commun sur Facebook.

Enfin, il est parti brusquement, je n’arrive toujours pas à me faire à l’idée que son départ soit réel.

Je profite de l’occasion pour présenter mes sincères sympathies à ses deux filles, à son petit garçon, à son épouse et à toutes les autres personnes affectées par ce deuil.
Que la terre lui soit légère!

Kardie ROSIER
kardilove@yahoo.fr