Fabrication d’armes et de munitions en Haïti – le pouvoir Tèt Kale reconnaît son erreur et annule l’autorisation accordée à ses proches

Mardi 2 juin 2020 ((rezonodwes.com))–A environ 8 mois de la fin de son mandat constitutionnel et à la tête d’un régime autoritaire depuis le 13 janvier, suite à la « caducité » constatée du Sénat, le président Jovenel Moise et son gouvernement de facto se donnent les pleins pouvoirs pour prendre des décrets, arrêtés et accorder des autorisations à des sympathisants du régime comme bon leur semble, tout en continuant de recevoir un fort appui d’une certaine frange de la communauté internationale, en dépit de leurs dérives.

Moins de six mois après avoir discrètement accordé une autorisation à une société de circonstance pour « l’assemblage en Haïti et la fabrication d’armes à feu et de munitions de tout calibre », et aussi de tout équipement militaire et policier, vu le récent scandale soulevé par cette affaire et les dénonciations du Bureau des Avocats Internationaux qualifiant cette autorisation d‘ illégale et la compagnie HOFSA de « criminels« , le gouvernement s’est rétracté. Mardi soir, un communiqué signé du ministre du Commerce, Jonas Cofy, a annoncé l’annulation de la dite société alors qu’elle était, selon le pouvoir, en conformité avec la Constitution.

Evoquant cette même Constitution, en son article 268-3, pour démembrer cette société « mafieuse« , selon BAI, le gouvernement, qui est pris en croyant prendre, a indiqué que c’est aux Forces Armées d’Haïti qu’il revient cette tâche exclusive « d’assemblage et de fabrication d’armes à feu pour l’importation et l’exportation ».

Rezo Nòdwès a appris que la société Haïti Ordonnance Factory S.A (HOFSA), avant sa surprenante dissolution, a été composée des proches, employés et contractuels de la présidence, notamment Carl-Frédéric Martin; Patrick Ganthier, et Elodie Hérard, sœur de Dimitry Hérard. Le nom de celui-ci, responsable de l’Unité de Sécurité Générale du Palais Nationale (USGPN), figure d’ailleurs sur les documents de la dite compagnie et est devenu célèbre pour de nombreuses dénonciations de la part des particuliers et d’organismes de droits humains.

Décidément, les Tèt Kale ont une drôle de façon d’utiliser la Constitution pour dire une chose et son contraire comme dans le cas de la fin du mandat des sénateurs et de celui du président de la République.