Dans l’Haïti d’ « état de droit démocratique », les portes des tribunaux sont fermées depuis deux semaines

Le Palais national est dénoncé pour avoir bloqué le renouvellement des mandats des juges des tribunaux de première instance et d’appel.

Lundi 5 juin 2020 ((rezonodwes.com))–Pour la deuxième semaine consécutive, les juges des tribunaux sont toujours en grève pour protester contre le budget Moise-Jouthe qui, selon eux, traite le syndicat en « parent pauvre ».

Dans une note commune, plusieurs associations de juges ont réitéré que la grève qui a commencé mardi dernier au niveau de la magistrature se poursuivra jusqu’à ce que leurs revendications soient entièrement satisfaites.

La semaine dernière, l’Association nationale des magistrats haïtiens (Anamah) a lancé la grève dans tout le pays et a expliqué qu’au cours des deux dernières années, les avocats avaient présenté des demandes concrètes aux autorités judiciaires, telles que l’amélioration des conditions de travail et d’autres, qui devraient être résolues avec un plus grand investissement économique.

Cependant, le 5 juin, le gouvernement de fait a présenté un budget national qui a accordé à ce secteur quelque 1,5 milliard de gourdes (environ 13,6 millions de dollars), ce qui, pour les avocats, constitue un traitement de « parent pauvre ».

Jean Wilmer Morin, président de l’Anamah, a reconnu que son mouvement aura de graves conséquences pour des milliers de prisonniers et ceux qui attendent que justice soit faite, mais, a-t-il révélé, qu’il entame la création d’un corridor de discussion avec le gouvernement.

Ils demandent également le renouvellement des mandats des juges des tribunaux de première instance et d’appel, le transfert de la compétence du personnel judiciaire (secrétaires, huissiers) au Conseil supérieur de la magistrature, le paiement des arriérés de salaires des procureurs, entre autres revendications.

Les juges protestent lorsque le gouvernement insiste pour décongestionner les prisons, qui fonctionnent à trois fois leur capacité, face au nombre croissant de personnes infectées par le Covid-19, et aux épidémies dans les prisons. Le projet annoncé à la mi-mars n’a jusqu’à présent bénéficié qu’à quelque 800 détenus, dont beaucoup sont en détention préventive prolongée.

Les autorités ont déjà reconnu qu’il s’agit d’un problème dans le pays, car près de 75 % des 11 500 détenus n’ont pas encore été jugés et pourraient se trouver dans cette situation pendant des années, voire des décennies.