Devant l’ONU, Jacques LETANG remet en question l’appui international aux Droits Humains en Haïti

Devant le Conseil de Sécurité de l’ONU, Me Jacques LETANG remet en question l’appui de la communauté internationale aux Droits Humains en Haïti.

Me Jacques LETANG, Président de la Fédération des Barreaux d’Haïti (FBH), également membre du Bureau des Droits Humains en Haïti (BDHH) a été invité ce vendredi 19 juin 2020 à intervenir à la réunion du Conseil de Sécurité sur la situation en Haïti et le mandat du Bureau Intégré des Nations-Unies (BINUH). Dans son intervention, il a communiqué son scepticisme à l’assemblée quant à la réelle volonté de la communauté internationale d’encourager le respect des Droits Humains en Haïti tout en misant sur l’échec du Bureau Intégré des Nations-Unies en Haïti.

D’entrée de jeu, le Président de la Fédération des Barreaux d’Haïti (FBH) a décrit une réalité sociopolitique, économique et sécuritaire catastrophique du pays sous le règne du régime “Tèt Kale”. Il a cité en exemple la défaillance des services publics; l’aggravation de la situation sanitaire à cause de la pandémie de Coronavirus; la dépréciation de la gourde face aux devises étrangères; les enjeux environnementaux liés au réchauffement climatique.

Mais, les inquiétudes de Maitre Jacques LETANG semblent être plus grandes devant la crise politique qui s’enracine de plus en plus dans le pays jusqu’à faire craindre le pire dans un avenir proche en tenant compte de la fin du mandat présidentiel; l’insécurité qui endeuille les familles haïtiennes continuellement citant les différents massacres impliquant des proches du pouvoir, la corruption généralisée et la défaillance du système judiciaire – pièce maîtresse dans la lutte pour faire valoir et respecter les droits inaliénables de la personne humaine.

Dans son discours, le Président de la Fédération des Barreaux d’Haïti a presque tout dit. Aussi, a-t-il mis l’accent sur ce qu’il considère être à la base de tous les maux du peuple haïtien, du handicap aux Droits Humains: l’IMPUNITÉ.

“La question de l’implication du pouvoir dans la perpétration de ces atrocités est posée dans de nombreux rapports, dont celui de la MINUJUSTH, ou encore celui plus récent, publié par le BINUH sur le massacre du Bel- Air , un quartier populaire de Port-Au-Prince. Ces accusations sont extrêmement graves ; pourtant, rien ne se passe. C’est cette même impunité qui entrave la lutte contre la corruption. Ces défaillances sont étroitement liées aux dysfonctionnements de la justice. Le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ) n’a pas été à la mesure de son rôle disciplinaire.

Le processus de certification n’a jamais été mené à bien, les mandats des juges sont renouvelés au bon vouloir du Chef de l’exécutif. Loin d’incarner le renouveau d’un pouvoir judiciaire indépendant, cet organe collégial s’est enlisé dans l’instrumentalisation politique et un corporatisme tourné vers la défense des mauvaises pratiques – et en premier lieu le non-respect du tarif judiciaire”,affirme-t-il.

Devant tout ce qui précède, Me Jacques LETANG, ancien membre du CSPJ se rend à l’évidence que les objectifs du Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti ne sont pas atteints. Selon lui, les causes fondamentales de l’instabilité n’ont pas été résolues, au contraire(…). Tout cela l’a poussé à se demander comment les « amis d’Haïti » peuvent laisser faire tant de violences et de malversations?

Pour lui, la stratégie du soutien international constant doit être questionnée. Son inaction et/ou silence devant les dérives du pouvoir en place semblent obstruer selon Me LETANG, sa volonté d’aider à faire bouger les lignes dans le bon sens. Devant le Conseil de Sécurité de l’ONU, il a tout mis à nu.

“La communauté internationale s’enferme dans un tête-à-tête avec le pouvoir. Son soutien semble davantage dépendre d’intérêts stratégiques que d’actions concrètes posées en matière de droits humains. De facto, l’impératif de stabilisation vient mettre en sourdine la contestation populaire, enrayant un contrepoids essentiel aux dérives du pouvoir. Il prépare de ce fait de véritables bombes sociales à retardement”, conclut-il.

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