Coup de projecteur sur Smith Augustin

Coup de projecteur sur Smith Augustin, spécialiste des relations haïtiano-dominicaines.

Haïti-République dominicaine .-
La rédaction de Juno7 a eu le plaisir de rencontrer Smith Augustin, reconnu pour son travail de vulgarisation de ses savoirs sur les relations haïtiano-dominicaines. Ce brillant intellectuel dont les interventions successives au Journal Premye okazyon et à la rubrique « Invité du jour » de Valéry Numa ont marqué plus d’un, nous dévoile son parcours académique et les engagements professionnels qui ont conduit à faire de lui aujourd’hui cette figure emblématique des relations haïtiano-dominicaines.

Juno7: parlez nous un peu de votre parcours académique.

S.A: Je suis originaire  de la commune de Carrefour et J’ai 37 ans. Je suis d’abord un ancien du Collège Saint Martial de Port-au-Prince. J’ai aussi tous les atouts d’un parcours universitaire international et multidisciplinaire. Licencié en philosophie et en sciences sociales du Centre Bono des Jésuites et de l’Institut Technologique de Santo Domingo (INTEC), j’ai été formé ensuite à l’Institut International des droits de l’Homme de René Cassin de Strasbourg et je détiens une Maitrise en Droit international de l’Université de Nantes en France.

Doctorant et assistant professeur au Département de sociologie de l’Université Laval, j’ai cofondé en 2016 « l’Espace de débat de l’Association des Étudiants Antillais de l’Université Laval » qui est une structure d’organisation régulière de conférences thématiques qui, quelques fois, accueille des chercheurs externes, mais vise en général à vulgariser les recherches des étudiants antillais et haïtiens sur Haïti.

Je suis également membre de l’Association Canadienne des Sociologues et Anthropologues de la Langue Française (ACSALF), de l’Association Canadienne des Études Latino-Américaines et des Caraïbes (ACÉLAC), de l’Institut des Politiques Publiques (IPP) et du Forum international sur la migration haïtienne dans les Amériques.

Je suis multilingue. J’aime dire que je suis un homme de réseau au niveau international. Je suis intervenu en tant que conférencier à Caracas, à Managua, à Santo Domingo, à Montréal, à Bogota, à Carthagène, etc. dans le cadre du Forum international sur la migration haïtienne dans les Amériques, et j’ai défendu avec vigueur l’évolution de la situation des migrants haïtiens en République Dominicaine ainsi que l’intégration progressive sans discrimination des Dominicains d’origine haïtienne dans cette société. Je suis rédacteur de plusieurs articles scientifiques et je co-dirige présentement un ouvrage collectif sur la migration haïtienne internationale avec Edson Wooldy Louidor, professeur-chercheur à l’Institut Pensar de l’Université Javeriana de Bogota, actuellement doctorant en philologie à l’Université Liepzig en Allemagne

Juno7 : Juriste, philosophe et sociologue, comment est né cette passion pour les relations haïtiano-dominicaines ?

S.A. Cette passion m’a été passée en 2007, comme un flambeau, sur les bancs de la prestigieuse Faculté Latino-Américaine de Sciences Sociales (FLACSO-RD), par mon ancien professeur Guy Alexandre qui deviendra plus tard un ami personnel et un mentor. Sur les traces du professeur-diplomate Guy Alexandre, je construis ma vie et mon avenir dans le domaine des relations haïtiano-dominicaines.

Et à l’instar de mon modèle, je demeure inébranlablement optimiste face à l’avenir. Les peuples sont faits pour vivre ensemble, il suffit simplement de trouver le point où les cœurs se rencontrent. De ce fait, je reconnais la ténacité et le poids encore considérable des préjugés historiques, mais je crois, tel que je l’ai écrit dans un récent article, que de beaux jours attendent les deux peuples. Tout dépendra de notre volonté de travailler fort et surtout ensemble à travers des structures multisectorielles de coopération bilatérale à établir entre les autorités étatiques des deux côtés de la frontière.

Juno7: Dans vos articles sur la République dominicaine traitant tour à tour de la migration, de la réforme de la diplomatie haïtienne, de la situation des étudiants et des travailleurs haïtiens ou des élections dominicaines, vous vous imposez avec les prédictions que vous faites et qui finissent toujours par se confirmer. Qu’est-ce qui explique un tel succès ?

S.A : Le secret est que non seulement je cherche passionnément à comprendre intellectuellement les interstices de l’histoire, de l’anthropologie et de la sociologie des relations établies entre les deux peuples, je compte aussi, avec des acteurs clés du milieu de la société civile des deux pays, une longue habitude de travail et de collaboration. De plus, Ouanaminthe, ma ville-mère adoptive, m’a initié depuis plus de dix ans aux subtilités de la vie frontalière.

Juno7 : parlez nous un peu de vos réalisations professionnelles.

S.A: A titre d’ancien fonctionnaire des Nations-Unies, de consultant indépendant ou de membre de cabinet ministériel, j’ai contribué au renforcement des capacités de multiples organisations nationales sur le monitoring (Prévention, Protection, Poursuite et Plaidoyer) des violations de droits humains notamment en matière de protection de l’enfant, de la femme et des migrants contre les phénomènes de traite de personnes et de trafic illicite.

Ainsi, à titre de consultant dans le cadre du projet USAID/AKSE, j’ai été rédacteur en 2015 du dépliant de vulgarisation du contenu de la loi haïtienne de 2014 sur la traite des personnes. En 2017, j’ai participé à la création du Groupe de travail multisectoriel sur la protection binationale et en 2018, sur demande de la Table de Dialogue Transfrontalier codirigée par OXFAM/GARR/SJM-Haïti, j’ai rédigé l’avant-projet de loi sur l’habitant frontalier qui est une réponse d’Haïti à des dispositions similaires de la loi migratoire dominicaine et son décret d’application.

Un dossier que devait soutenir devant le parlement un député de la dernière législature de l’une des communes frontalières, mais qui est resté malheureusement dans les tiroirs aux dépens des habitants frontaliers du côté dominicain de l’île qui demeurent malgré tout unis, dit-il, aux nôtres par une longue tradition d’échanges et d’interdépendance.

 

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