Mise au point autour du dossier de Anne Louise Mesadieu

A la suite de la publication de notre article titré : «Quand un officiel à l’ambassade d’Haïti en France trompe la vigilance de la chancellerie», Anne Louise Mesadieu, conseillère régionale d’Ile-de-France, également conseillère municipale de la ville de Chaville, qui occupe le poste de premier secrétaire à l’ambassade d’Haïti en France, a publié un commentaire sur Facebook, au bas de l’article, sous forme de lettre responsive.

Avant toute chose, nous constatons que malgré tous les points soulevés dans cette lettre, Anne Louise Mesadieu , rappelée le 13 juillet dernier aux services centraux de la Chancellerie, n’a malheureusement apporté aucune explication claire, basée sur les principes de la représentantion diplomatique, au fait qu’elle a occupé le poste de premier conseiller pour défendre les intérêts d’Haïti au même moment qu’elle est membre d’un conseil municipal élu en France. Aussi, tout en évoquant une campagne de dénigrement et mettant en doute l’objectivité de l’article, elle n’a pas jugé bon d’apporter des précisions sur son rappel aux services centraux de la chancellerie par le ministre des Affaires Étrangères. Comment pourrait-t-elle continuer à exercer sa fonction au conseil municipal même pour 77 euros d’indemnité mensuel alors qu’elle sera en Haïti, au MAE?

Est-il permis par la loi et la convention de Vienne de 1961, qu’un membre d’une mission diplomatique soit un ressortissant élu du pays accréditaire ? Peut-on rappeler une personne qui ne possède pas un statut diplomatique?

Il convient bien de préciser, que Anne Louise Mesadieu n’est pas une simple employée de l’ambassade mais membre de la mission diplomatique d’Haïti en France au regard de l’article 26 du Décret du 17 août 1987 portant organisation du ministère des Affaires Etrangères.

Article 26. – Une mission diplomatique peut comprendre, outre le chef de mission :

– Des ministres conseilleurs

– Des conseillers

– Des premiers secrétaires

– Des deuxièmes secrétaires

– Des troisièmes secrétaires

– Des attachés

Selon la Convention de Vienne du 18 avril 1961, entrée en vigueur le 24 avril 1964, (article 8-1) Les membres du personnel diplomatique de la mission auront en principe la nationalité de l’État accréditant. Face à cette disposition conventionnelle, si Anne Louise Mesadieu peut faire valoir sa nationalité haïtienne, elle est cependant, comme premier secrétaire, en incompatibilité de fonction en étant membre du conseil municipal élu de Chaville. Car le premier secrétaire est le “seul membre des suites diplomatiques s’occupant davantage des affaires politiques que du fonctionnement matériel de l’ambassade.[1]

Le secrétaire d’ambassade est chargé lui aussi de récupérer et de transmettre des informations. Ces tâches diplomatiques expliquent qu’il signe aussi les lettres. L’ambassadeur et le secrétaire apparaissent comme un duo complémentaire, aux tâches identiques, mais effectuées dans des environnements sociaux et politiques différents.[2]

Nous nous faisons le devoir de publier in extenso la lettre de Anne Louise Mesadieu

Monsieur le Journaliste,

Cher Juno7

Vous n’êtes pas sans savoir, et je l’espère de tout cœur, pour le bien fondé de la profession, qu’un journaliste est pour reprendre la définition de wilkipedia « une personne qui recueille ou recherche, vérifie et écrit puis distribue des informations. »

Depuis 2 jours certains de vos confrères et vous, utilisez des propos erronés à mon égard prétendant que j’aurais dupé le Ministère des Affaires Etrangères, ce qui impliquerait une tentative d’occulter une quelconque vérité or toutes les informations me concernant sont sur internet ou ma page Facebook et sans vouloir m’étaler ou débattre, car je pense qu’il est plus utile de s’atteler à des actions.

Je tiens néanmoins à vous apporter quelques précisions et vous rafraîchir la mémoire.

S’agissant de l’Ambassade, pour votre parfaite information, quand l’ambassadeur Vanessa Lamothe a été nommée par le Premier Ministre SEM Laurent Lamothe, elle a en effet fait appel à moi pour m’occuper du secteur culturel, ayant eu écho de mon implication dans la communauté haïtienne de France, mon carnet d’adresses et partageant toutes deux cette double culture française et haïtienne, la culture étant mon principal champ d’action.

Aussi, ai-je reçu ma lettre de nomination en juillet 2014 et ai accepté avec fierté, honneur et en toute transparence de mettre mon expertise et savoirs faire au service de ma terre natale comme je l’ai toujours fait et continuerai à le faire.

Jamais il n’a donc été question de cacher mon mandat d’élu puisque je le suis depuis 2008 et le fait d’être élu en France pour votre gouverne contrairement en Haïti n’est pas un travail, on est juste au service de la population en impulsant des actions, avec par exemple une indemnité pour une ville de la taille de Chaville qui était de 77 euros par mois jusqu’au mois dernier pour un conseiller municipal, comme vous semblez vous intéresser aux indemnités d’élus.

Je me permets de vous répondre à vous en particulier parce qu’il me semble que vous connaissiez la vérité et la travestir ainsi m’interpelle d’avantage, vous semblez avoir oublié qui était à vos côtés lors de la dernière visite du Député Jerry Tardieu en France, à l’Assemblée Nationale, à la Mairie du 17ème, dans les médias…

J’avoue abhorrer l’opacité et toutes mes actions sont visibles sur la toile. Depuis près de 20 ans j’œuvre dans la communauté haïtienne afin de promouvoir une meilleure image d’Haïti en France, en organisant de nombreux concerts, des expositions, des conférences, je viens en aide à des petits orphelins en Haïti tous les ans, ai permis à certains auteurs d’obtenir des bourses, certaines personnes dans le besoin de trouver un logement, ai co-animé des émissions de radio sur la culture haïtienne, acheminé grâce à [des] collectivités territoriales françaises plus de 300 000€ de matériels scolaires après le tremblement de terre en Haïti, vous pourrez trouver les archives à la TNH si vous faites votre travail de recherches, et je viens tout juste de rentrer ce jour d’Haïti d’une mission de dons de matériels médical pour faire face à la covid que j’ai pu obtenir grâce à mes démarches auprès de la région île de France, estimés à plus de 600 000 € ( masques, blouses, tests…). J’aurais adoré vous voir déployer la même énergie pour mettre en lumière les actions positives des fils et filles d’Haïti mais nous ne sommes forts que dans la tentative de destruction je comprends pourquoi tant d’enfants originaires du pays préfèrent s’en éloigner.

Mais Soyez rassuré que je continuerai toujours à œuvrer pour Haïti, ma terre natale et celle de mes parents.

Je vous souhaite bonne continuation et vous invite vous et vos collègues à vous interroger sur qui coûte quoi et qui fait quoi, qui apporte quoi au pays? Obligations de résultats ou de moyens?

Quête de coopération pour Haïti ou tentative de dénigrement de ceux qui mettent la main à la pâte?

Bien Cordialement,

Anne Louise Mesadieu

[1] Pierre NEVEJANS, « Le secrétaire d’ambassade, acteur indispensable de l’exercice diplomatique : le cas de Jacopo Guidi à la cour de France (1544-1545) », Laboratoire italien [En ligne], 23 | 2019, mis en ligne le 24 octobre 2019, consulté le 03 août 2020. URL : “http://journals.openedition.org/laboratoireitalien/3678”.

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