Assises sur la crise haïtienne à la Jamaïque, la montagne a accouché d’une souris

Les acteurs politiques, de la société civile et du secteur privé des affaires qui se sont rendus à la Jamaïque le weekend écoulé n’ont pas réussi le pari. Après 3 jours de discussions sur la crise qui sévit en Haïti, aucune entente n’a été trouvée, aucune déclaration commune n’a été signée lors de la séance plénière au cours de la dernière journée entre les autres partis et le gouvernement en place. Alors que l’une des propositions exigeait le départ du Dr Ariel Henry du pouvoir, ce dernier promet néanmoins de remanier son gouvernement à l’issue de des assises, le mardi 13 juin.

Malgré l’optimisme prudent manifesté par de nombreux participants aux discussions à la Jamaïque, la dernière journée a été l’objet d’un débat houleux. Alors que le premier ministre Ariel Henry s’était excusé de son comportement à l’égard des autres protagonistes lors de l’ouverture des assises, il est pourtant resté attaché à l’idée de ne signer aucun nouvel accord car, selon lui, l’accord du 21 décembre 2022 mérite seulement d’être élargi. Ainsi, le chef du gouvernement a pris l’engagement de procéder à un remaniement ministériel en vue de la mise en place d’un gouvernement d’ouverture.

Si l’annonce du vandalisme du consulat honoraire jamaïcain à Port-au-Prince a gêné la plupart des acteurs qui se trouvaient autour de la table de discussion, l’incident n’a pas aidé à rendre flexible la position de certains. Le groupe Montana, tenant de l’Accord du 30 Aout 2023 a assoupli sa position, selon Clarens Renois. Le leader du Parti UNIR soutient que la représentante du groupe Montana, Magalie Comeau Denis, a fait valoir un point de vue assoupli concernant la position du groupe. Attachée à la mise en place d’un Exécutif bicéphale, Mme Denis a proposé qu’un collège présidentiel soit constitué, soit en complétant le Haut Conseil de Transition soit en créant une structure à vocation présidentielle sont les pouvoirs s’assimileront à ceux d’un chef d’Etat. Ce collège présidentiel peut avoir entre 3 et 5 membres, ont précisé les porteurs de la proposition.

De façon plus radicale, l’ex premier ministre Claude Joseph et ses alliés ont exigé l’éviction pure et simple du Dr Ariel Henry de la Primature. Selon lui, aucune avancée significative ne peut être obtenue en ayant le Dr Ariel Henry dans la composition du gouvernement de Transition. Malgré les plaidoyers du leader du parti « les Engagés pour la Développement », la proposition de l’ancien chef de la diplomatie haïtienne.

Les signataires de l’accord du 21 décembre ont, de leur côté, qualifié les différentes propositions de plaisanteries. Qu’il s’agisse de former un collège présidentiel afin de restaurer un Exécutif bicéphale avec ou sans le Dr Ariel Henry à la Primature, qu’il s’agisse d’écarter purement et simplement le neurochirurgien du pouvoir, aucune des propositions ne semble avoir plu aux tenants de l’accord du 21 décembre, du pouvoir par ricochet. Toutefois, ils soutiennent la position de l’actuel chef du gouvernement qui serait prêt à revoir la composition du Haut Conseil de Transition (HCT) en le faisant passer de 3 à 5 membres ainsi que la volonté du Dr Henry de remanier le gouvernement.

Pour des participants aux assises ainsi que pour de nombreux citoyens qui ont suivi de près l’évolution des discussions qui se sont déroulées à la Jamaïque, ne pas signer une déclaration commune est synonyme d’échec cuisant de la classe politique. D’aucuns pensent que la solution à la crise haïtienne peut ne pas venir des acteurs haïtiens eux-mêmes, ou du moins de ceux qui sont sur la scène sociopolitique présentement. Parallèlement rien n’empêche que le dialogue se poursuive à domicile.

Si aucune entente n’a été trouvée entre les tenants du pouvoir en place et les autres acteurs politiques, il faut toutefois souligner que le groupe des 8 et EDE de Claude Joseph ont réussi à parapher la « Déclaration de Kingston », avec les propositions suivantes :

1-Le rétablissement d’un Pouvoir Exécutif avec un Collège Présidentiel et un Gouvernement d’unité nationale dirigé par un Premier Ministre.

2- Le gouvernement devra satisfaire les priorités définies dans une feuille de route tenant lieu de termes de référence pour la transition. Il s’attèlera à respecter les prescriptions constitutionnelles concernant la participation des femmes.

3- Le gouvernement devra créer les conditions nécessaires pour inspirer confiance à la population, instaurer un climat de sécurité favorable à la reprise des activités économiques, aux réformes et à la tenue d’élections crédibles et inclusives.

4. La mise en place d’un Comite de suivi constitué entre autres des représentants de la CARICOM.

Marvens Pierre

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