Le bureau canadien pour la coordination de l’aide internationale à Haïti en République Dominicaine, un sujet de controverse

Les réactions fusent de toutes parts au lendemain de l’annonce faite par la Ministre canadienne des Affaires Etrangères, Mélanie Joly, concernant l’installation d’un bureau en République Dominicaine par le Canada afin de coordonner l’aide internationale à Haïti. Alors que les autorités dominicaines s’y opposent et nient avoir autorisé le gouvernement de Trudeau à prendre une telle initiative sur leur territoire, des experts haïtiens en relations internationales assimilent une telle démarche à une « mise sous tutelle ».

Réagissant à un article de Listín Diario sur Twitter, le maire de Santiago, Abel Martínez Durán rejette d’un revers de main la proposition canadienne. « La communauté internationale doit comprendre, une fois pour toutes, que les solutions à la crise en Haïti doivent être mises en œuvre sur son propre territoire et à l’intérieur de ses frontières. Nous rejetons les prétentions du Canada d’établir des bureaux en République dominicaine pour soi-disant coordonner l’aide au pays voisin. Qu’ils les installent en Haïti !», a-t-il fait savoir.

A un niveau plus élevé, le gouvernement dominicain a réagi et sa position a rejoint celle du maire de Santiago qui est également candidat à la prochaine présidentielle dominicaine. Le ministre des affaires étrangères de la République Dominicaine, Roberto Alvarez, a précisé que le gouvernement auquel il appartient n’a discuté, convenu ou accordé aucune autorisation pour l’installation sur son territoire d’un bureau de coordination du soutien à la Police Nationale d’Haïti, comme l’indiquent les informations d’un média canadien.

Alors que le gouvernement haïtien est avare de commentaires concernant ce dossier, des intellectuels haïtiens dont des experts en relations internationales assimilent l’annonce faite par le Canada à une mise sous tutelle. Pierre Antoine Louis, diplomate de carrière déclare que le pays vit des moments sombres et perd progressivement sa souveraineté avec les crises multiples qui ne cessent de s’aggraver. Selon lui, le Canada ne manifeste aucune volonté à aider Haïti à sortir de l’impasse. Pourquoi ne pas installer ce bureau à leur ambassade à Port-au-Prince , s’interroge le spécialiste. Il invite l’Etat haïtien à refuser cette assistance et appelle à une conscience patriotique. Les 20 millions de dollars prévus pour la mise en place de ce bureau pourraient servir la PNH autrement, a-t-il souligné, tout en demandant aux élites haïtiennes de prendre leurs responsabilités en créant une cagnotte au profit des Forces Armées d’Haïti (FAD’H) et de la Police Nationale.

Au milieu de ce tohubohu, la représentation diplomatique du Canada dans le pays ne veut pas élaborer sur ce dossier. « Je pense que nous avons mal expliqué hier ce que sera ce nouveau mécanisme. Ce bureau a pour objectif de renforcer la coordination de l’aide à la PNH, avec notamment des partenaires qui ne sont pas présents sur le terrain en Haïti et en complément de la coordination qui se fait déjà entre capitales, en y affectant de nouvelles ressources humaines à temps complet dédiés seulement à Haïti.», a-t-il fait parvenir par écrit à notre rédaction refusant de faire d’avantage de déclarations lorsque nous l’avions contacté par téléphone. Le travail de coordination qui a actuellement cours en Haïti va se poursuivre, incluant via notre équipe de liaison en sécurité de 3 personnes déployée à l’Ambassade du Canada à Port-au-Prince depuis janvier 2023, a-t-il poursuivi.

La question d’Haïti est devenue une patate chaude entre les mains de la communauté internationale, une peau de chagrin dont tout le monde fuit inévitablement. Malgré l’état de l’aggravation de la situation, les protagonistes de la crise multiforme refusent de dialoguer en vue de trouver une solution viable.

Marvens PIERRE 

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