Un Exécutif bicéphale, le nœud gordien du dialogue inter-haïtien

De nombreux participants des réunions qui ont eu lieu en Jamaïque, du 11 au 13 juin dernier, expriment leur volonté de poursuivre les discussions en Haïti afin de trouver une solution à la crise. Cependant, la restauration d’un Exécutif bicéphale reste un problème complexe. Les porte-paroles de l’OPL et du MOPOD, Danio Cyriak et André Raphaël, soutiennent tous deux l’idée que la transition doit être dirigée par un Exécutif bicéphale comprenant un collège présidentiel et un premier ministre. En revanche, Pascal Adrien, signataire de l’accord du 21 décembre, s’oppose à l’idée d’un collège qui aggraverait la crise. Selon lui, seul un président élu devrait occuper le Palais National.

Il est unanimement reconnu que les discussions menées en Jamaïque doivent se poursuivre en Haïti, dans l’espoir de trouver une solution à la crise actuelle. André Raphaël, porte-parole du Mouvement patriotique populaire dessalinien (MOPOD), souligne certains thèmes qui devraient être abordés lors des pourparlers, parmi lesquels la sécurité, les élections mais surtout l’orientation qu’il faut donner au gouvernement de Transition. Réaffirmant ainsi la volonté de son parti de participer à la suite des réunions tenues en Jamaïque, M. Raphaël espère toutefois un assouplissement de la position exprimée précédemment par les tenants du pouvoir afin de faire de vrais pas dans la bonne direction. Selon lui, la gouvernance du pays doit se diriger vers un Exécutif tel que mentionné dans la constitution de 1987 amendée.

Danio Cyriak, porte-parole de l’Organisation du Peuple en Lutte (OPL), est convaincu que les discussions en Jamaïque sont le point de départ d’un véritable dialogue menant à une proposition concrète pour résoudre la crise. Quelle que soit la direction prise par les discussions, il reste attaché à la déclaration conjointe de Kingston qui propose le retour à la présidence. Pourtant, il critique notamment le Dr Ariel Henry qui est l’actuel chef de l’Exécutif qui, selon lui, n’a aucune volonté de faire bouger les choses même après avoir passé 2 ans à la tête du pays. Le dirigeant de l’OPL estime qu’il est temps pour le chef du gouvernement de constater son échec et passe la main à des gens qui soient capables de mener à bien une transition de rupture. La fonction présidentielle doit être rétablie à travers un collège constitue par des personnalités des mondes politique, des affaires et de la société civile.

Parallèlement, les signataires de l’accord du 21 décembre ne sont pas favorables à un Exécutif bicéphale avec un collège présidentiel. Soutenant la proposition du Premier ministre Ariel Henry d’élargir le Haut Conseil de Transition, Pascal Adrien estime qu’il est important de se tourner vers des élections plutôt que de s’attarder sur une proposition qui n’a aucune chance d’être mise en œuvre. Il critique l’entêtement des opposants qui cherchent par tous les moyens à rétablir la présidence alors que cela ne fera qu’ajouter d’autres volet à la crise sociopolitique.

Environ deux semaines après les réunions en Jamaïque, aucune avancée significative n’a été observée en ce qui concerne la signature d’un accord entre le gouvernement et l’opposition. Cependant, de nombreuses personnes se demandent si la visite du Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, aura une influence sur les événements à venir.

Marvens PIERRE

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